Le temps des grues

a première guerre mondiale vient à peine de s’achever, laissant l’humanité dans un piteux état… aussi pitoyable que le champ de maïs que Jan regarde d’un air dégoûté. Il n’avait pu effectuer la récolte des épis en raison du mauvais temps, et les premières grues étaient déjà apparues dans le ciel grisâtre du petit cirque pyrénéen. Elles passaient bien bas, annonçant avec une quasi certitude l’arrivée précoce de la neige ; ce que n’avait pas manqué de rappeler Jusèp, le vieil oncle perspicace. Avec la neige, les difficultés de la vie quotidienne (« la vita vitanta ») de la famille Laborde, allaient s’amplifier et rendre problématiques tous les travaux courants. Pourtant, Blanca, la « daüno de la casa », avait en tête une autre préoccupation, bien plus importante à ses yeux que toutes les autres. Une préoccupation si importante, qu’elle n’osait en révéler la teneur à Jan…Dans ces hauteurs perdues de la vallée de Barospe, seule la détermination féroce de chacun à vouloir s’y maintenir en dépit des vents contraires, et la solidarité entre voisins, permettait de faire face aux épreuves sans cesse renouvelées.

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